Poursuivant son travail de mise en valeur de la musique baroque rhénane, Dulcis Melodia propose en 2018 une nouvelle production autour de l’œuvre oubliée du compositeur et Capellmeister strasbourgeois Johann Christoph Frauenholtz (1684-1754) : l’occasion de redécouvrir un personnage et une œuvre incontournables dans la vie musicale de l’Alsace au XVIIIe siècle...

Autour du Capellmeister Frauenholtz

L'oeuvre inédite d'un grand compositeur strasbourgeois

 

Le contexte

Johann Christoph FRAUENHOLTZ (1684-1754)

Né le 21 octobre 1684 à Ahorn, au sud-est de Coburg (Bavière), Frauenholtz commença ses études au Gymnase de sa ville natale. En 1710 il arriva à Strasbourg, visiblement en tant qu’étudiant en Droit à l’université, mais en 1712 il composa un cycle de cantates qui lui valut la reconnaissance de ses compétences musicales. La même année il fut nommé Choragus de l’église principale. Précisons que depuis 1681, année de retour de la cathédrale de Strasbourg aux catholiques sur ordre du roi Louis XIV, les protestants s’étaient repliés dans l’ancienne église des Dominicains rebaptisée Temple-Neuf.

Signature Frauenholtz

De Choragus à Capellmeister...

Frauenholtz semble avoir rapidement fait ses preuves, si bien qu’une double promotion ne tarda pas à lui être offerte : en 1714, le Magistrat de Strasbourg le nomma Capellmeister des sept églises protestantes ainsi que directeur du Collegium Musicum. Il prit ainsi la succession
du premier Capellmeister strasbourgeois, Hartwig Zysich, qui avait occupé ce poste de 1685 à sa mort en 1712.

Frauenholtz devait ainsi assumer deux fonctions, certes liées, mais qui exigeaient de lui des qualités différentes :

- En tant que directeur du Collegium Musicum il devait conduire un ensemble d’instrumentistes amateurs et professionnels à la tête desquels il se produisait régulièrement à l’occasion de manifestations officielles.

- En tant que Capellmeister, Frauenholtz devait non seulement superviser la musique liturgique des sept paroisses protestantes de Strasbourg, mais également composer des cantates destinées à être jouées lors des cultes dominicaux, des fêtes mais aussi des cérémonies exceptionnelles (telles les funérailles de Maurice de Saxe en 1751 ou les festivités d’inauguration de l’orgue Silbermann du Temple-Neuf en 1749)

Une influence remarquable

En plus des activités purement musicales (direction artistique et composition), le célèbre Capellmeister avait également des fonctions plus politiques, notamment dans la stratégie musicale et liturgique des églises strasbourgeoises et bien au-delà :

- En tant qu’expert d’orgue, son rôle était de piloter les projets de nouveaux instruments, participer au choix des facteurs d’orgues et assurer la réception des travaux

- Au niveau liturgique, il était extrêmement influent et participait à l’élaboration de nouveaux ordres liturgiques

Un artiste pluriel

A la fois compositeur, chef de chœur, chef d’orchestre et organiste, Frauenholtz pratiquait également la poésie. Il est l’auteur de plusieurs recueils poétiques, édités de son vivant, dont l’essentiel nous est parvenu.
Ses compétences littéraires ont également permis à Frauenholtz de composer lui-même la quasi-totalité des livrets de ses œuvres chantées, ce qui est tout à fait exceptionnel dans le domaine de la musique protestante au XVIIIe siècle.

De curieuses coïncidences...

Le personnage Frauenholtz présente de très curieux (et nombreux) points communs avec Johann Sebastian Bach, ce qui ne le rend que plus attachant :

- Les deux hommes sont exactement contemporains (naissance en 1684 pour Frauenholtz, en 1685 pour Bach / décès en 1750 pour Bach, en 1754 pour Frauenholtz)
- Leurs fonctions sont sensiblement similaires
- Leurs domaines de compositions sont la musique religieuse (notamment la cantate) et la musique instrumentale
- Ils partagent tous deux leur carrière entre direction d’un ensemble instrumental (appelé Collegium Musicum dans les deux cas) et direction de chanteurs et instrumentistes pour la cantate hebdomadaire donnée au culte dominical
- Tous deux ont eu d’importantes responsabilités dans les instances religieuses de leur cité.

On relève dans la carrière de Frauenholtz le souci d’assurer un important dynamisme dans la vie musicale strasbourgeoise. Il faut se souvenir que la « restauration » de la place des catholiques à Strasbourg en 1681 (impliquant notamment la mise à la porte de la cathédrale des protestants) sur ordre de Louis XIV était une blessure encore très palpable dans le premier quart du XVIIIe siècle. La priorité était donc de défendre les couleurs du protestantisme à Strasbourg et le Capellmeister Frauenholtz intervient à point nommé en mettant à disposition avec dévouement et assiduité ses qualités musicales. A l’instar de la musique de Bach, l’œuvre de Frauenholtz, riche, expressive et
colorée est donc destinée à séduire l’auditeur, aussi bien en son temps que celui du XXIe siècle.

 

Découvrir toute la richesse d’un répertoire inédit...


Le programme se présentera sous la forme d’un voyage initiatique, permettant au public, le temps d’un concert, de découvrir les particularités et différentes facettes de l’œuvre de Frauenholtz. C’est la raison pour laquelle les œuvres sélectionnées ont été judicieusement choisies dans le but d’offrir un spectacle coloré, varié et donc adapté à un très large public.
Dans un déroulement souple, des œuvres vocales alterneront avec des pièces instrumentales. L’instrumentation elle-aussi est variée : profitant des libertés offertes par ce répertoire dans lequel peu de précisions quant-à l’interprétation sont données, nous avons pris le parti de faire se côtoyer flûtes à bec, violons baroques, viole de gambe, viola da spalla, orgue et clavecin grâce à l’exceptionnelle polyvalence des musiciens réunis autour de cette production.

Une portée écrite par Frauenholz


Le programme proposé


Cette nouvelle production autour de l’œuvre inédite de Frauenholtz vous est présentée ici sous sa forme en grand effectif (8 musiciens), n'hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus sur la version en effectif réduit (5 musiciens).

Chaque programme sera constitué de trois types d’œuvres :

- Des arias de Frauenholtz pour une voix soliste, deux instruments mélodiques (violon
et/ou flûte) et basse continue. Ces œuvres, relativement courtes (autour de 5 minutes
par aria) permettront notamment de mettre en avant les textes écrits par le
compositeur lui-même : les traductions fournies sur les programmes de salle
permettront aux auditeurs d’apprécier à la fois la profondeur et la modernité de ces
textes.

- Des cantates pour voix, violons (et/ou flûtes) et basse continue. Ces œuvres d’une
durée plus conséquente (une dizaine de minutes environ chacune) témoignent de la
parfaite maîtrise de l’auteur dans le traitement à la fois des instruments et des voix. A
la fois légères et subtiles, ces pièces s’apparentent aux cantates germaniques de la
première moitié du XVIII e siècle, tout un gardant un caractère propre, parfois inspiré
par la musique française.

- Des concertos de Johann Valentin Rathgeber (1682-1750).
Il nous semblait regrettable de ne pas disposer d’oeuvres instrumentales de
Frauenholtz, celles-ci ayant toutes été détruites lors du bombardement de Strasbourg
en 1870. Nos recherches nous ont cependant fait découvrir dans les fonds anciens de la
région le recueil Chelys Sonora (opus 6) de Johann Valentin Rathgeber. Il nous a semblé
que l’instrumentation et les effectifs employés, le style d’écriture ainsi que la dimension
de ces oeuvres étaient a priori très proches des oeuvres instrumentales de Frauenholtz.
Par ailleurs la présence récurrente de ces oeuvres de Rathgeber dans les fonds
strasbourgeois (notamment dans la collection du Collegium Wilhelmitanum que
Frauenholtz fréquentait en permanence) pourrait indiquer qu’elles ont peut être été
jouées par le Collegium Musicum sous la direction de Frauenholtz.

 

 Le programme en détail

PREMIERE PARTIE :
Johann Christoph FRAUENHOLTZ (1684-1754)
Cantate “Mein Paradies der Freuden”
4 voix, 2 violons et basse continue
Aria “Streit als ein Held bis du erhälst das Feld”
Soprano, 2 violons et basse continue
Aria “Steh nicht müßig meine Seele”
Soprano, 2 flûtes à bec et basse continue
Johann Valentin RATHGEBER (1682-1750)
Concerto n°9 en Do majeur (Chelys Sonora, opus 6)
Allegro – Adagio – Allegro
2 flûtes à bec et basse continue
Johann Christoph FRAUENHOLTZ
Aria “Zions Wächter rufen heut’ alle Menschen sollen kommen”
Soprano, flûte à bec, violon et basse continue
Cantate “Engelsüße Jesuslust fließe mir in meiner Seele”
4 voix, 2 violons et basse continue
- E N T R A C T E  É V E N T U E L -
DEUXIEME PARTIE :
Johann Christoph FRAUENHOLTZ
Cantate “Verbirg nicht deine holden Strahlen”
Aria – Recitativ – Allegro
Soprano, violon concertant et basse continue
Johann Valentin RATHGEBER
Concerto n°12 en Sol majeur (Chelys Sonora, opus 6)
Allegro – Adagio – Allegro
Violon, flûte à bec et basse continue
Johann Christoph FRAUENHOLTZ
Aria “Durch das Kreuz wird ein frommes Herz probiert”
Soprano, flûte à bec, violon et basse continue
Cantate “Der Herr gedenkt an uns”
4 voix, 2 violons et basse continue
 
Durée du programme : environ 70 minutes

 

Distribution prévue


Sarah Gendrot-Krauss – soprano
Anne-Sophie Waris – mezzo-soprano
Jean-François Krauss – basse
David Brinkert – violon baroque, viola da spalla
Céline Jacob – violon baroque, flûte à bec
Marie-Paule Lefebvre – viole de gambe, violone, flûte à bec
Nadja Lesaulnier – orgue et clavecin
Jean-François Haberer – orgue, ténor et direction artistique

Le programme Autour du Cappelmeister Frauenholtz en concert

 

Pour écouter des extraits musicaux de productions antérieures :


Création 2015 « L’Harmonie des muses »
Johann Georg Rauch (1658-1710) : Omnes Sitientes
(Johann Georg Rauch : Musiques pour la cathédrale de Strasbourg – K617-Les Chemins du Baroque, 2015)


Création 2017 « Les musiciens de Leopold »
Vincenz JELICH (1596-1636) : Bone Jesu
(Les musiciens de Leopold – Saverne 1607-1625 : les fastes d’une chapelle provinciale – K617-Les Chemins du Baroque)

 

Détails pratiques

Durée du programme : 70 minutes (possibilité d’un entracte)
L’ensemble est en mesure d’assurer la prestation « clé en main », comprenant la mise à disposition, transport et accord d’un orgue positif, mise à disposition et installation de l’ensemble du matériel de scène (éclairage, pupitres, etc.)
L’organisateur se verra remettre au minimum un mois avant le concert le programme définitif détaillé, comprenant notamment l’ensemble des textes chantés ainsi que leur traduction.

 

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